Emile Guigues
Sa vocation pour le dessin se manifeste de bonne heure. Ses études terminées, il quitte Embrun pour Paris où, pendant deux ans, il travaille dans les ateliers de Jean-Baptiste Delestre et de Michel Martin Drölling ainsi qu'à l'école royale de dessin.
La mort subite de son père, au mois de mars 1848, lui laisse la charge d'une famille nombreuse. Il a 23 ans et il est l'aîné d'une famille de cinq enfants. Cela l'oblige à rentrer à Embrun qu'il ne quittera plus. Il renonce à sa carrière artistique à laquelle il se destinait. Nommé percepteur des contributions directes à la place de son père, il termina sa carrière administrative comme receveur particulier des finances. Tout comme le maire, l'instituteur et le curé, le percepteur est un personnage important dans la commune.
Il se consacre désormais à sa famille, employant tous ses loisirs à peindre et à dessiner pour sa satisfation personnelle et pour la joie de ses amis.
C'est à Embrun qu'Emile Guigues rencontre Gabriel Loppé qui deviendra un ami fidèle. Le dessin restera un lien fort entre les deux hommes. Gabriel Loppé, de retour à Paris, tiendra une correspondance avec son amli jusque dans les années 1890. Ils échangeront notamment sur les techniques, les papiers, les couleurs à utiliser, la peinture, la mode artistique du moment et les visites de salons parisiens.
Les enfants de Gabriel Loppé et ceux d'Emile Guigues se rencontrent puis se fréquentent. François Loppé épouse Marguerite Guigues, et Aline Loppé épouse Etienne Guigues. Les deux couples se marient le même jour à Paris puis viennent s'installer à Embrun en janvier 1886.
Emile Guigues avait accepté cette vie de fonctionnaire si éloignée de ses rêves, trouvant les consolations dont il avait besoin dans son amour passionné pour l'art, "l'art noble et grand, la splendide occupation du cœur et de l'esprit, l'art qui n'a rien au dessus de lui".
La nature remplaça les maîtres qu'il n'avait pu avoir. Il étudia sous tous ses aspects celle qu'il avait continuellement sous les yeux, et parvint à la maîtrise d'un genre qui lui fut bien particulier. De lui, on a pu dire qu'il fût le dessinateur de la montagne, des paysans et des animaux.
Non content de travailler pour sa satisfaction personnelle et pour la joie de ses amis, il voulut répandre le goût du dessin et il fonda, en 1870, au collège d'Embrun, un cours dont il fut bénévole jusqu'en 1895.
Il a essayé tous les genres : crayon, plume, fusain, lithographie, peinture, aquarelle, gouache, gravure à l'eau forte.
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Emile Guigues épouse en 1852 une embrunaise, Joséphine Garnier, avec qui il aura un fils, Etienne, qui hérite du don de son père pour le dessin. Joséphine meurt quelques mois après la naissance d'Etienne.
Quatre ans plus tard, Emile Guigues épouse Clara Estachy avec laquelle il aura cinq enfants : Marguerite, Madeleine, Pierre-Clément appelé Clément, Paul-Emile et Pierre Paul-Emile appelé Pierre.